Par Eric MARSAUDON – Un manager, parmi les humains, habitant la terre qui a commencé à rêver…
Fondateur du cabinet EMPATIENCE & Talent à l’Atelier des Coachs
J’étais un manager qui travaillait 10 heures par jours, qui s’adaptait aux imprévisibles sans pour autant reporter ce qui était prévu, qui évaluait ses collaborateurs par rapport à son propre cadre de références, qui sur-réagissait aux « attaques », à travers ses propres croyances et de ses propres préjugés ! L’ensemble de mes jugements vis-à-vis de mes collaborateurs passait dans le « filtre du tamis » de mes d’expériences, de mes propres échecs, de mes réussites personnelles et d’objectifs ambitieux que je me fixais.
Et puis un jour, la CNV…
Depuis, je me suis déconstruit, j’ai revisité ma façon de voir le monde, j’ai repris en main mes compétences relationnelles, car ce sont de véritables compétences, bien au-delà des capacités naturelles que nous estimons avoir ou ne pas avoir !
J’ai plongé dans le réservoir de mes craintes et de mes peurs, à travers l’entraînement à l’observation neutre et/ou consciente de ce que j’entends, de ce que j’observe et de ce qui me stimule au quotidien.
Je me suis reconnecté avec mes res-sentis et/ou mes ré-actions, afin d’identifier leurs origines, les creusets de cette réactivité vis-à-vis de ce qui m’entoure et je n’y arrive pas tout le temps, ce qui stimule mon humilité en permanence…
Je tente tous les jours de répéter, de m’entraîner, de reproduire, de réinventer ma vision des relations à moi et aux autres, sans pour autant perdre de vue ce que j’ai découvert de moi, mes besoins, mes pépites, mes sources qui donnent du sens à comment j’interagis avec les autres, comment j’interprète ce monde.
Pourtant, de plus en plus mes postures sont influencées par la prise en compte de « l’instant présent », intérieurement, en lien avec le contexte relationnel environnant.
Comme un manager capable de remettre le compteur à zéro lors du énième rendez-vous avec un collaborateur. Le reconnaître enfin dans une relation d’équivalence, de « pouvoir avec » et de complicité respective retrouvée et respectée.
Ce manager sur-réactif que j’étais, et pourtant au combien volontaire pour faire évoluer ses collaborateurs, n’avait pas tous les outils de connexion et d’empathie aidante, pour faire tendre ses équipes vers la coopération, l’entraide et l’écologie relationnelle collective.
La Communication Non Violente© ouvre des chemins de « management » qui peuvent paraître comme sauvages ou déstabilisants au début.
Puis, petit à petit, en lâchant prise sur les résultats et sur ses attentes, on touche du doigt la puissance de la connexion humaine, de ce qu’il peut y avoir derrière les mots pour entendre les maux ou besoins de soi et de l’autre.
Devenir ce manager patient, moins réactif, plus à l’écoute, permettant à son équipe de progresser, d’être créatif et en confiance malgré un contexte difficile et des échéances de changement d’espace, j’y ai goûté et qu’est-ce que c’est bon, doux, bienveillant et moins énergivore !
Depuis, j’ai repris la nage en lac, la marche en montagne, l’escalade, le vélo avec ma compagne, j’écris et je profite de faire un métier qui est une passion, la passion des relations humaines !
De plus, quand je sens qu’il est important d’exprimer un sentiment, une colère, de dire « non » à une proposition ou à un argument, j’ai pris conscience que derrière cette colère il existait un besoin que je ne nourrissais pas assez, et que derrière ce « non » il peut exister la moitié d’un « oui » !
Un champ des possibles illimité dans la relation à soi et aux autres, surtout à soi, puisque je reste le premier levier de modification de mes postures et de mes intentions dans le comment je vais me connecter à mon entourage.
J’ai cru sans trop y croire au début que le changement était possible, que l’amélioration de sa capacité et de ses compétences relationnelles passait par les autres. Et bien cela passe d’abord par soi, par la modification de son prisme de vue de la situation !
Malgré ce chemin, il arrive parfois des écueils, des ruptures relationnelles définitives professionnelles ou dans le milieu des amis ou familiale.
Là encore, l’approche par la CNV m’a permis de réinterroger mes intentions, mon message du cœur, les besoins qui étaient primordiaux pour moi et de réinventer l’approche dans sa forme et dans son fond, une respiration légère et équilibrée de ce qui pouvait être douloureux ou stressant…
C’est donc possible, cette « post-intention(1) » pourrait-être enseignée, on pourrait sensibiliser les personnes dans tous les milieux à partir des principes d’équivalences, de respect, de l’instant présent, de prendre le temps d’installer une écoute active, de tenter la mise en place d’un lien gagnant/gagnant et d’obtenir ainsi la prise en compte des besoins des deux parties en présence.
Tiens ! c’est donc faisable, on peut se réinventer…
Bien entendu, La Communication Non Violente© vient nous titiller sur les représentations personnelles et collectives, comme dirait Emile Durkheim, donc sur notre vision du monde, sur les constats que nous en faisons et les espérances que nous projetons !
Avec cette approche à travers des dimensions philosophiques et spirituelles, tout se trouve remis en question dans les écosystèmes relationnels humains et par répercussion les points de vue économiques, environnementaux et organisationnels se revisitent sous d’autres aspects.
Du coup, je pense que notre capacité de résilience individuelle se modifie et se développe en demandant moins d’énergie, ce qui influence inévitablement par réaction en chaîne la capacité collective.
De mes observations actuelles et récentes, dans les groupes humains ayant décidé de découvrir ces intentions et d’essayer d’en appliquer les principes, il semble exister ce début de résilience dont parle tout le monde, dont on lit les vertus dans les ouvrages modernes de développement personnel ou de cohésion d’équipe.
Seulement celle-ci ne passe que par le travail de chacun d’entre nous, comme les colibris durant leurs tentatives d’intervention sur l’incendie que tout le monde a allumé.
Le contexte relationnel d’un groupe d’individu qu’il soit en entreprise, dans un service pour un nouveau projet, dans une aventure extrême ou bien dans un groupe d’amis en vacances passe par l’interaction en conscience, des besoins des uns et des autres.
Si les personnes de ces groupes de participants n’y sont pas préparées, alors vous resterez dans des postures camouflant l’authenticité des participants, leurs capacités à être créatifs et impliqués, tout en restant sur des modèles relationnels habituels et dépassés.
Faire toujours les mêmes choses relationnelles, donne toujours le même résultat relationnel !
Merci à la Communication Non Violente© de m’avoir ouvert les portes d’un territoire sans limites pour moi et avec les autres.
(1) Post-intention : associassions des termes posture et intention, une forme de préparation mentale à une intention dans l’acte relationnel.