Par Pauline DREUX-PALASSY – Facilitatrice de résilience, Coach, Formatrice, Facilitatrice
www.grainesderesilience.fr
Il est temps de prendre au sérieux nos rêves et d’en faire une stratégie.
Mathieu Baudin, Institut des futurs souhaitables
WTF !!! Permaculture ? Coaching ? Quel rapport ? Mais d’abord c’est quoi la permaculture ? Une technique de potager ? Mais c’est vraiment bizarre cette association !
En fait, peu de gens savent ce qu’est vraiment la permaculture. Et non, ce n’est pas une technique de production alimentaire, même si ça peut y contribuer. La Permaculture (vous avez vu la majuscule, oui je la tiens en haute estime), c’est à la fois un cadre théorique et une méthode de conception. Mais de conception de quoi ?
On parle d’écologie en coaching, ça consiste à vérifier s’il existe un réel équilibre dans tous les champs de la vie de la personne accompagnée. C’est une façon de s’assurer que le système dans lequel interagit le coaché lui permettra d’y trouver les ressources nécessaires à ses besoins. Ça ressemble à de la systémique. Et bien, la permaculture est une méthode holistique qui permet de créer des systèmes humains résilients. Elle est basée sur des principes issus de l’observation des écosystèmes naturels. Et quand on observe ce que les humains font de leur environnement, nous serions bien inspirés de nous baser sur les fonctionnements naturels pour orienter nos actions. Probablement que nous nous en sortirions beaucoup mieux ! Voilà pourquoi je fais des ponts entre les principes permaculturels et l’accompagnement des humains.
Les concepteurs de la permaculture, les Australiens Bill Mollison et David Holmgren ont senti, dans les années 70 du siècle dernier, une forme d’urgence à proposer un cadre de pensée et pratique pour que les humains puissent mieux communier avec la Terre et les systèmes vivants. Nous sommes vivants, nous sommes également soumis aux lois de la vie. Un être humain est un système à lui tout seul (voir un ensemble de systèmes : physiologique, psychique, socio-culturel…). Et il fait système avec d’autres humains et ce qui l’entoure. C’est pour cela, qu’à mon sens, les principes mis en lumière par la permaculture sont pertinents pour l’accompagnement.
Un cadre éthique
La base c’est ce cadre de pensée, 3 principes, simples en apparence :
– Prendre soin de l’humain
– Prendre soin de la Terre
– Produire, partager et réguler
Lorsque l’on adopte le cadre éthique permaculturel, on se met à réfléchir à travers ces principes avant d’entreprendre quelque chose. En se posant par exemple les questions suivantes (on peut en trouver plein d’autres) :
Avant d’entreprendre quelque chose : Comment cette action prend-elle soin de moi ? Comment vais-je prendre soin des autres ? De quelle manière mon action va-t-elle impacter la Terre ? Puis-je moins l’impacter ? Ce que je vais faire, est-ce productif ? Est-ce constructif ? Pour moi ? Pour les autres ? Comment vais-je partager avec d’autres ? Est-ce que ça va me prendre beaucoup d’énergie ? Est-ce trop ambitieux pour conserver un équilibre ?
Rien qu’avec ce cadre, on peut déjà apprécier comment ces 3 principes peuvent nous inspirer pour mettre en œuvre notre vie tout en essayant d’être en harmonie avec le reste des vivants et des systèmes terrestres, tout en prenant soin de nous et des autres. Après, dans la réalité du monde dans lequel nous évoluons, ils ne sont pas toujours simples à mettre en œuvre, mais ils ont le mérite de poser de bonnes questions qui vont nous aider à évoluer. Je vous laisse faire un essai, par exemple, juste en pensant au moment où vous allez vous préparer un café ou, si vous êtes ambicieux.ses, pour un projet que vous avez. Alors simple ou pas si simple ?
La déclinaison pratique
Sans jamais perdre de vue les 3 principes éthiques, on peut utiliser des principes pratiques. Observables dans les systèmes vivants, ils ont été conçus comme des guides de mise en œuvre. Ils sont au nombre de 12. Ils peuvent légèrement varier dans leur formulation d’un auteur à l’autre mais ils restent similaires. Ces principes sont complémentaires les uns des autres. C’est justement en les utilisant tous, que l’on peut aboutir à une conception globale (holistique) du système. Je vais vous en détailler quelques-uns pour illustrer comment, en accompagnement, ils peuvent nous aider.
“Intégrer plutôt que séparer”, mon chouchou !
Ici, on parle à la fois des éléments du système mais aussi, et de façon prépondérante, de leurs interactions et de l’équilibre qu’elles permettent ! Il peut se décliner en 2 volets complémentaires : chaque élément du système doit remplir plusieurs fonctions et chaque fonction importante du système doit être remplie par plusieurs éléments. Heu, attendez, vous voyez pas du tout ce que ça donne concrètement ?
Exemple dans un écosystème : un arbre ! C’est un des éléments. Tout en vivant sa propre vie, il apporte, de l’ombre, de la fraîcheur, il ramène dans le sol de surface des minéraux profonds utiles aux autres vivants du coin, il offre le gîte et le couvert à pas mal de monde, il produit de la matière (feuilles) qui à l’automne sera de la nourriture pour un sol vivant… et une forêt attire la pluie (donc c’est aussi une ressource en eau). Là on voit bien comment un seul élément du système a plusieurs fonctions. Autre exemple, une fonction assurée par plusieurs éléments. Regardez l’écureuil. Quand il s’agit de faire des réserves énergétiques pour l’hiver, il les cache à différents endroits pour éviter qu’une razzia d’un autre le mette en carafe ! Bon, ok, parfois il oublie où elles sont, mais bon, personne n’est parfait hein ! Et puis il a aussi quelques réserves énergétiques dans sa graisse pour pallier un manque éventuel (le temps de retrouver la mémoire 😉 ?). “Bin, ouais, mais alors, je vois pas le rapport avec le coaching…” Et bien, transposons ces principes à des accompagnements individuels ou collectifs, ça peut donner ça comme questions à poser à ses accompagné.e.s :
Comment avoir plusieurs sources pour combler un de mes besoins ? Comment recevoir de l’affection sans dépendre d’une seule personne ? De quelle manière un investissement professionnel pourrait-il être, aussi, utile pour d’autres champs de ma vie ou à d’autres personnes ? Et en collectif, on peut aussi se demander : De quelle manière sommes-nous complémentaires ? Comment créer de la polyvalence et de la coopération dans notre groupe ? Comment l’action de l’un peut-elle être utile aux autres ? Comment intégrer une nouvelle personne ?
On peut imaginer beaucoup de déclinaisons selon les contextes de ce seul principe !
“Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails” : la vision globale, les buts, les objectifs, les actions !
Ici, on va chercher à la fois à prendre du recul mais aussi à faire le lien entre le global et les petites actions. Il va nous permettre de déterminer quels éléments vont jouer les rôles les plus importants dans notre système, de ne pas nous perdre dans les détails, de comprendre comment les différentes activités de nos vies, de nos projets… interagissent, se complètent, s’enrichissent… mais aussi, de se poser pour connaître nos intentions, trouver notre chemin et déterminer les différentes étapes pour y arriver. Sous forme de questions ça produit :
Quelle est l’intention profonde que je mets dans mon nouveau projet ? Quels sont mes objectifs, les buts que je souhaite me fixer ? Quelles sont les différentes étapes pour y arriver ? Que souhaite réaliser notre collectif ? Quelles sont les forces et les faiblesses de mon projet ? Comment les forces peuvent-elles pallier les faiblesses ? Quelles sont les ressources que j’ai à ma disposition ? …
“Collecter et stocker l’énergie” : développer son autonomie !
Pour des projets très matériels, il s’agit d’économiser les ressources, de valoriser les sources d’énergie disponibles (soleil, vent, …), de stocker l’énergie : sol, arbre, batteries… , d’être le plus autonome possible ! Bin du coup, autonomie, autonomie… coaching … vous voyez où je veux en venir ? Oui, oui : autonomiser les coachées !! Que peut nous inspirer ce principe de permaculture ? Voici quelques exemples : Comment préserver mes ressources énergétiques ? Où est-ce que je me ressource ? De quelle manière ? Comment disposer de ces ressources ? Comment puis-je être le plus autonome possible dans ma vie, sur un projet … ? De quelle manière vais-je régler telle difficulté la prochaine fois que je vais y être confrontée ?
Voilà pour quelques détails sur ces principes pratiques issus de l’observation des écosystèmes. J’y vois une source inépuisable d’inspiration pour aider nos accompagné.e.s à explorer leurs difficultés, projets, envies. Et en les utilisant tous pour une même situation ils vont permettre aux coachés d’avoir une vision complète de leur situation et prendre des décisions sans risquer de déséquilibrer leur système et les systèmes avec lesquels ils sont en lien.
La zone de départ, le socle : l’humain
La permaculture, c’est aussi une méthode de conception. On parle de design en permaculture. Elle permet de concevoir, planifier, aménager, structurer, organiser la mise en place de systèmes humains résilients. Ce serait vraiment trop long de vous l’exposer ici. Sachez tout de même que les systèmes créés sont découpés en plusieurs zones (00, 0, 1, 2, 3, 4 et 5) et que celle que l’on traite en premier, celle qui fournit une base solide pour constituer le système d’un.e permaculteur.trice, c’est la zone 00 (celle de l’écologie de la personne).
Vous voyez comment le coaching peut aussi être une ressource dans la conception de systèmes permacoles !!? Permaculture et coaching peuvent ainsi s’inspirer l’un de l’autre, interagir, se compléter, se soutenir… ça constitue un beau début de système, non ? Peut-être allons-nous réussir à vivre épanouis tout en respectant notre planète et le vivant ?
La permaculture est une philosophie et un outil qui s’applique dans tous les champs de nos vies. Elle offre vraiment un cadre de pensée et de conception pour construire un avenir différent. J’espère que vous aurez envie de vous en saisir !
Si vous avez envie d’en discuter, de creuser le sujet, n’hésitez pas à me contacter !