Pourquoi avons-nous besoin de « tiers » en coaching professionnel ?

21 avril 2021

Par Stéphanie FELICULIS YVONNEAU
Coach titulaire de la SFCoach, Gestalt-thérapeute, suivre sur LinkedIn

 

Dans certaines instances du coaching professionnel, on insiste sur l’importance du « rapport au tiers », pourtant aucun texte ne précise explicitement de quoi il s’agit.
Qu’entend-on par là ? Et en quoi est-ce important pour l’exercice d’un coach qui accompagne des êtres humains, en individuel ou en collectif, en coopération avec le monde des organisations ?
C’est ce que je vous propose d’explorer à partir de détours puisant à la tradition humaniste.

Le rapport au tiers peut être défini comme ce qui s’oppose au face à face duel, ce qui se différencie de la relation à deux, dans laquelle nous pourrions nous plaire, nous complaire et oublier le reste du monde. Vous repérez peut-être déjà là le lien avec le cocon que forme l’isolat coach-coaché. La fonction de tiers est donc exercée par un être, une institution ou une vigie intérieure qui infléchit cet espace de duo privilégié. Prenons-en quelques exemples. Lorsque, dans le récit biblique, Dieu dicte les tables de la Loi à Moïse, il introduit du tiers. La Loi met des bornes à la tendance humaine au « no limit. » Lorsqu’il est gravé « tu ne tueras point », une obligation est faite à l’humain à ne pas se laisser déborder tel Caïn par l’aveuglement de nos passions qui peuvent nous amener, en un rien de temps, à l’irréparable et au meurtre. Lorsque la psychanalyse, de tradition judéo-chrétienne, parle de l’instance paternelle ou de l’interdit de l’inceste, sa théorisation nous rappelle aussi que le petit d’homme n’a pas vocation à rester dans le giron chaud et protecteur de sa mère, mais à forcir pour aller ensuite marquer de sa touche personnelle le monde qui l’entoure. Lorsque les pratiques commerciales ont commencé à être encadrées par des contrats, au départ sous la forme simple mais engageante d’une poignée de main peut-être, de tablettes d’argile ensuite, de textes passés au crible d’équipes d’avocats chevronnés maintenant, c’est qu’ici encore la confiance des parties co-contractantes s’appuie sur la connaissance des travers bien humains qu’il est sage d’accepter de border par avance. De la sorte, le droit et nos institutions balisent, socialisent et organisent notre vie ensemble.

A quoi sert un tiers ?

Le tiers a deux fonctions. Tout d’abord, nous éviter de perdre le rapport avec le réel qui reste là, agissant tout autour du duo privilégié. C’est ce qu’Icare n’entend pas de son pauvre père, grisé qu’il est du plaisir de son vol. Car, oui, la relation coach-coaché est grisante et le coach peut se croire proche du soleil ! Le « contrat tripartite » co-signé entre les représentants de l’organisation, le coaché et le coach a vocation de lui faire perdre de la hauteur et d’en rester à l’humilité de sa fonction. La supervision sert le même but. Le superviseur que le coach accepte de payer pour cela, contrairement à ces camarades de co-vision, a vocation à lui rappeler cette fâcheuse tendance à la griserie du pouvoir d’influence. Le travail sur soi qu’opère un coach qui œuvre au carrefour des intérêts de ses coachés et de ses organisations clientes 2 permet aussi qu’il navigue dans cet espace singulier fait de jeux de forces, d’attentes et d’intérêts parfois contradictoires sans se perdre, se stériliser ou se croire un héros ou un élu.

La deuxième fonction du tiers peut être considérée comme une déclinaison opérationnelle de la première 3. Le rapport au réel est un caillou dans la chaussure dont il convient de ne pas s’abstraire, sans pour autant être masochiste. Ce fichu réel résiste en effet toujours aux projections de mon désir. Il restera toujours un écart, un manque, une imperfection. Les gens des usines ne se trouveront jamais vraiment compris de ceux des services commerciaux, ceux du marketing par ceux des ventes, ceux du niveau français par ceux du corporate ! Bien sûr, on fera des séminaires ensemble, bien sûr on se découvrira des valeurs communes, mais des incompréhensions aussi, des attentes irréalistes et il faudra bien profiter de ce matériau-là pour se mettre au travail de la communication inter-humaine, de la négociation toujours à recommencer parce l’écart se refait chaque matin, malgré le travail de la veille. Alors, dans les équipes professionnelles, on s’attellera ensemble à construire, grignoter sur les biais cognitifs, les expliciter, déminer les malentendus, en rire parfois et, tout de même avec le temps et la maturité croissante du collectif, à approfondir l’œuvre commune en ayant intégré les différences singulières au profit de celle-ci.

De nombreux coachs se reconnaissent cet ancrage. Ils s’obligent à n’oublier jamais le tiers. Ils acceptent, je vais caricaturer, de ne pas être tout pour leurs coachés, ni indispensable à leurs clients ! Ils admettent qu’il y aura toujours du tiers dehors, mais aussi entre eux et leurs coachés, de l’écart… Via la discipline de la réflexivité, ils se contraignent avec plaisir et, ils l’espèrent, pertinence à cet écart vis-à-vis d’eux-mêmes et de leurs propres actions. Ils tentent de ne pas être dupes de leurs actes et de leurs effets sur les systèmes accompagnés. Ils consentent, en étant construit à l’intérieur d’eux-mêmes avec cette référence au tiers, de représenter du tiers eux-mêmes pour leurs clients. Eux aussi sont payés pour cela. Alors bien sûr, ces coachs-là soutiennent la croissance de leurs coachés, qu’ils soient un individu, un groupe ou une organisation, mais ce qu’ils apportent toujours, même s’il s’agit souvent d’atteindre des objectifs de dépassement d’obstacles ou de concrétisation de rêves, est appuyé sur cette posture intérieure du tiers, ou dit plus trivialement, de pied maintenu toujours dehors. Ils se méfient des moments où ils auront l’impression que cette référence au tiers disparaît. Ils se défient de leur image de leur reflet dans l’eau et veillent à ne pas tomber amoureux du beau jeune homme qui les regarde depuis l’onde. La séduction spéculaire noya Narcisse, notre rapport au tiers nous invite à ne pas nous en tenir à la beauté des images ou à la force des idées, les nôtres, celles des coachés, mais de creuser nos questions, d’interroger nos évidences, de ne pas lâcher sur notre extériorité face à la tendance douce, si douce à entrer dans la vision de nos clients, surtout ceux que l’on connaît bien.

S’obliger au tiers est l’aiguillon qui nous aide à ne pas nous endormir au bénéfice de ceux au service desquels nous pratiquons notre Art. C’est aussi pourquoi en chapeau de certains codes de déontologie de la profession, est rappelé qu’ils sont indissolublement liés à la réflexion éthique. L’éthique comme le rapport au tiers est exigence continue d’un travail joyeux et profond qui nourrit l’Homme.

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